Psychologie

L’Effet Pygmalion : Je pense donc tu es…

I/ De quoi parle-t-on ?

Définition

Nous parlons d’effet Pygmalion pour évoquer le mécanisme selon lequel le jugement (ou les préjugés) que nous portons sur une personne (y compris sur nous-même) conditionne une partie de son comportement.

Autrement dit, je suis tellement convaincue de ce que je crois de toi, que tu finis par agir (inconsciemment) conformément à mes attentes envers toi.

Rosenthal et Jacobson, les auteurs de cette théorie, parlent également de prophéties auto réalisatrices, qui provoquent une amélioration des performances d’une personne, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité ou de son environnement. Ça, c’est pour les effets positifs.

L’effet inverse est appelé effet Golem : il se traduit par une performance moindre et des objectifs moins élevés sous l’effet d’un potentiel jugé limité par une autorité (parent, professeur, manager…)

Bon, ils utilisent deux noms pour exprimer un mécanisme qui peut aller dans les deux sens : Nos croyances renforcent nos comportements positifs ou négatifs.

A quel moment je l’ai compris ?

Je suis maman de deux merveilleux petits diablotins de 6 ans et de 2 ans (ce sont des anges seulement quand ils dorment). Dans leur éducation, je pratique constamment, consciemment, ou inconsciemment, l’effet Pygmalion (plus souvent l’effet Golem je pense…).

Mon fils, Rénan, a toujours été plutôt introverti. Ce que j’ai longtemps confondu avec la timidité (ma croyance).

Vers l’âge de quatre ans, quand il nous arrivait de rencontrer une personne que mon fils ne connaissait pas, il se cachait, refusait de dire bonjour (ce qui me mettait très mal à l’aise, par peur du jugement de l’autre sur l’éducation que j’inculquais à mes enfants).

Alors, comme pour « justifier » son comportement, je disais toujours « il est timide, c’est pour ça qu’il ne dit pas bonjour. »

Le problème, c’est que à force de me l’entendre dire, mon fils a fini par penser que la timidité faisait parti intégrante de son être. Et s’en servait même, dans certaines circonstances, comme motif pour ne pas réaliser des choses qu’il était capable de faire (comme aller parler à un copain par exemple).

C’est grave docteur ?

Analysons ce qui s’est passé :

J’avais une croyance (mon fils est timide) – croyance induite par la peur du jugement des autres à mon égard – qui a influencé ses croyances à lui et modelé son comportement, pour se conformer à mes propres croyances et à mes attentes (parce que je m’attendais qu’il réagisse comme cela, d’une certaine manière).

Le problème, c’est qu’une fois nos croyances ancrées, difficile de les défaire ! Il faut parfois des années pour y arriver, et parfois l’aide d’un professionnel (un coach, un psy par exemple) s’avère nécessaire.

Ayant pris conscience de cela suffisamment tôt, j’ai pu changer mes propres croyances et mes attentes à son sujet, et ainsi l’accompagner dans l’affirmation de sa personnalité, de façon plus positive et constructive.

Il a aujourd’hui six ans, et n’a plus peur d’entrer tout seul dans une boulangerie et d’acheter une baguette. Ce qui était impensable pour lui (et pour moi) il y a quelques mois ! Je suis si fière de lui.

II/ C’est l’histoire d’un mec …

La légende

Pour la petite histoire (je vous la fais courte, bien que je la trouve passionnante), Pygmalion était un roi Chypre dans l’Antiquité Grecque, qui exerçait son talent incontesté dans l’art de la sculpture.  Il se voua au célibat, révolté d’abord contre les Propétides, prostituées vivant sur l’île de Chypre, puis contre l’institution du mariage.

Ne trouvant aucune femme « digne » de son amour, il décida de façonner la femme parfaite dans l’ivoire.

Sa sculpture fut si parfaite, si conforme à l’image qu’il se faisait de la perfection féminine, il en tomba éperdument amoureux.

Si tant est si bien qu’il pria Aphrodite, déesse de l’Amour, d’insuffler la vie à son chef d’œuvre. Aussitôt son désir réalisé dans un baiser, il épousa son Galatée, sa création devenue femme.

Jean-Léon Gérôme, Pygmalion et Galatée, 1890

Le rapport avec nous

Dans la vie de tous les jours, nous sommes des « Pygmalions » : nous « façonnons » nos comportements et influençons le comportement des autres envers nous à partir d’une croyance (jugement, préjugés, généralisations, etc.).

Notre réalité est influencée, voire même conditionnée par nos pensées et nos croyances, nos attentes et celles des autres à notre égard.

III/ Concrètement, comment fait-on ?

Résumons

Si vous arrivez à ce paragraphe de l’article, vous devez avoir compris: Golem ou Pygmalion, c’est le même mécanisme : nos croyances façonnent nos comportements et ceux des autres à notre égard.

Nos succès et nos échecs sont déterminées par nos croyances en nos capacités : plus je me crois capable de réaliser certaines tâches, plus j’ai de chances de réussir en mettant en place des stratégies, et en ayant des comportements facilitateurs, et plus je m’attends à réussir.

A l’inverse, plus je me crois nul(le), incompétent(e), et moins je me sentirais capable de réussir, même des tâches simples, en mettant en place des stratégies et en ayant des comportements inhibiteurs ou bloquants, et plus je m’attends à échouer.

De la même manière, ce que les autres pensent de nous joue également un rôle important dans la mise en place de ces stratégies facilitatrices ou inhibitrices : si nous nous sentons soutenus dans nos projets, avec un renforcement positif de la part de notre entourage, nous sentons nos ailes s’ouvrir.

A l’inverse, si les personnes les plus proches de nous nous critiquent sans arrêt, ne croient pas en nous, nous abandonnons plus rapidement nos projets, même ceux qui nous tenaient le plus à cœur.

En prendre conscience est déjà un pas important dans notre démarche de progression : on met la balle dans notre camp.

IV/ Application de l’Effet Pygmalion

Que ce soit en entreprise, en famille ou avec des personnes que nous ne connaissons pas, nos interactions sont influencées par nos croyances.

Le manager qui croit que son équipe est capable de résultats extraordinaires et qui adoptera un management positif renforcera les croyances collectives et individuelles de son équipe en leur capacité d’avoir des résultats extraordinaires. Ça parait trop simple me direz-vous ? Oui, encore faut-il en prendre conscience.

Etape 1 : Conscientisons !

Prendre conscience que tous nos comportements, et ceux de notre entourage à notre égard sont influencés par ce que nous pensons de nous même et des autres.

Etape 2 : Se remettre en question !

Faire une liste de nos croyances et de nos comportements.

Exemple : Mes collègues me croient toujours très disponible.

=> Question de prise de conscience: Le suis-je toujours ?

=> Si non, qu’est -ce qui dans mon comportement peut les amener à ce qu’ils s’attendent à ce que je suis disponible ?

Le fait que je réponde toujours « oui » à leurs sollicitations.

Etape 3 : Comprendre le processus et « réajuster » mes croyances

Mes croyances pourraient être : si je dis non, je risque de ne plus être indispensable ? ou Le fait d’être toujours disponible est synonyme de loyauté ? Ou que la disponibilité totale est un critère indispensable pour être un « bon collaborateur » ?

Modifier mes croyances et mes attentes pourrait m’aider à apprendre à dire non en restant fidèle à qui je suis.

V/ Les 7 engagements à prendre avec soi-même

Comment faire pour intégrer l’effet Pygmalion de manière concrète dans votre vie ?

Voici les sept engagements à prendre avec soi-même :

Engagement n°1

De la bienveillance, de l’ouverture d’esprit et de la tolérance, j’en ferai un état d’esprit.

Engagement n°2

De toutes les remarques que l’on me fera, je n’en retiendrai que les plus positives.

Engagement n°3

Sur le positif mon attention sera focalisée.

Engagement n°4

De mon intuition j’en ferai une boussole pour mes prochaines expériences de vie.

Engagement n°5

En moi, en mes capacités et en mes projets, je croirai ! Personne d’autre n’a ce pouvoir à part moi-même !

Engagement n°6

Les jugements et les généralisations je cesserai.

Engagement n°7

Ce que je deviens pour moi-même, je le deviens pour les autres.

Psychologue du travail et coach en épanouissement personnel et professionnel, je peux vous aider à changer votre vie, à la prendre en main, dès aujourd'hui si vous le souhaitiez. Je m'appuie sur une pratique positive de la psychologie, de l'accompagnement global de la personne vers son "mieux-être". Vous êtes au cœur de votre changement, l'acteur de votre vie. La particularité de mes ateliers repose sur le principe selon lequel ce ne sont pas les troubles qui sont au cœur du changement, mais la recherche de sens et de solutions.

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